La Périchole
Opéra Bouffe en 3 actes et 4 tableaux
de Henri Meilhac et Ludovic Halévy
Musique de Jacques Offenbach
"La Périchole est une petite sœur de Carmen mais sans destin tragique, une fille de tempérament volcanique, rieuse, sensuelle, passionnée, frondeuse ni légère ni superficielle" Jane Rhodes.
Une coproduction de la ville du Mans |
Voir les photos et la
vidéo de l'opéra.
Making-of du spectacle (par Tiphaine Hamerel) : la P(er)ic(h)ole 2, le retour
La distribution
La Périchole |
Orchestre |
L'ensemble instrumental du Mans
Ces musiciens professionnels ont été réunis pour l'occasion.
Parmi eux, plusieurs enseignent au Conservatoire de la Ville du Mans.
Piano : Jerôme Kus |
Jacques Offenbach (1819 - 1880)
Né à Cologne le 20 Juin 1819, fils d'un cantor de la synagogue, Offenbach arrive à Paris en 1833 où il est
engagé dans des orchestres d'opéra comique.
Génial caricaturiste de la société du
Second Empire, il sut s'entourer des propres à mettre en valeur son
oeuvre et apparaît comme un grand musicien qui donna ses lettres de
noblesse à l'opérette. Il était par ailleurs violoncelliste et à
composé six duos pour cet instrument. Si ses premières tentatives dans
le domaine lyrique (en 1839) restent sans succès, c'est dans les
années 1860 qu'Offenbach crée les oeuvres qui assureront sa célébrité.
Il fait appel à des librettistes dont la verve parodique se soucie peu
de la vraisemblance de l'action, et laisse libre cours à son génie
ironique et frondeur.
De cette époque datent ses
chefs-d'oeuvres, écrits sur des livrets de Henri Meilhac et Daniel
Halévy : La Belle Hélène (1864), Barbe-Bleue (1866),
La Vie Parisienne (1866), La Grande Duchesse de Gerolstein
(1868), La Péricole (1868). Offenbach est alors au faîte de sa
carrière, sa renommée est considérable.
Son ultime ouvrage lyrique fut Les
Contes d'Hoffmann, opéra fantastique d'où jaillit une poésie
fascinante. Plus grave que toutes les précédentes compositions, cette
oeuvre fut crée à Paris quelques mois après la mort du compositeur le 5 Octobre 1880.
L'opéra "La Périchole"
Affiche 1868
Cet opéra-bouffe composé sur un livret de
Ludovic Halévy et Henri Meilhac est inspiré d'une nouvelle de Prosper Mérimée : Le Carrosse du Saint-Sacrement.
L'œuvre fut représentée pour la première fois dans une version en deux actes le 6
Octobre 1868 au Théâtre des Variétés. Elle fut remaniée en 3 actes et 4 tableaux,
telle qu'on la connait aujourd'hui le 25 Avril 1874, toujours au Théâtre des Variétés.
Aussi intrépide et jubilatoire que La Belle Hélène ou La Grande Duchesse,
La Périchole, chanteuse des rues, est la plus touchante des héroïnes comiques d’Offenbach.
L'argument
Une saltimbanque et son compagnon Piquillo font la
manche dans les rues de Lima. Le Vice–roi (qui se promène incognito) tombe
sous le charme de La Périchole restée seule et lui propose
d’être Dame à sa cour. Poussée par la faim, elle consent à se rendre au Palais,
laissant à son amant une lettre d’adieu. Mais une dame de la cour ne peut être
que mariée et Piquillo est choisi comme époux. Ivre au moment des noces, il ne
s’aperçoit pas que c’est La Périchole qu’on lui fait épouser.
Dégrisé, Piquillo dénonce la forfaiture de sa bien-aimée. Il ira au cachot des
maris récalcitrants, et après nombreux évènements, La Périchole
s’enfuira avec lui. Le Vice-roi déchiré par la jalousie et la souffrance
convenant que la fortune et la puissance ne sont rien à côté de l’amour, leur pardonnera.
Notes sur la mise en scène
J’ai écrit la mise en scène de Périchole, cet été dans les Pyrénées, installée sur un
balcon avec vue sur les montagnes qui auraient pu être celles du Pérou et inspirée
par un souffle de l’Espagne toute proche !
Je n’avais emporté que le livret (adapté par mes soins), l’enregistrement sonore et
la partition. J’écris toujours les mises en scène en écoutant la musique de l’opéra ou
en lisant la partition, l’architecture musicale me dicte les images, les intentions et
les effets visuels. J’imagine pour installer un cadre à mon fil conducteur: décors,
costumes et lumières et les artistes créateurs oeuvrent ensuite admirablement pour
servir ma conception du projet.
Je me suis d’abord autorisée une adaptation des textes tout en respectant la
construction de l’histoire. La trame principale, inspirée d’une anecdote véridique du
18e siècle se résume à l’installation dans son palais, d’une chanteuse par un souverain
profondément amoureux. Cet évènement n’est pas sans être d’actualité mais
chacun sait que l’histoire se réécrit.
Je souhaitais surtout proposer une adaptation moderne et attractive de l’ouvrage
qui peut se passer à Lima ou ailleurs et qui met en exergue un despotisme politique
actuel avec un attrait du pouvoir, de l’argent, des femmes à l’instar de celui exercé
en France sous le second empire.
Ainsi, c’est tout naturellement que j’ai imaginé la première scène de l’opéra avec un
casting de figurants payés pour faire semblant de faire la fête. Cette fête, avec drapeaux
et slogans à l’effigie du Vice-roi, m’a été inspirée par toutes ces cérémonies
évènementielles que certains états savent organiser pour donner au peuple un semblant
d’épanouissement alors que l’on bafoue les droits de l’homme en parallèle.
L’acte 2, à l’intérieur du Palais contraste mais peut être actuel également. A mes
yeux il figure un sérail où l’on imagine que les femmes ne sortent jamais et qu’elles
sont dévouées à leur souverain, d’où leur jalousie à l’égard de la nouvelle favorite.
Dans ce Palais transitent des courtisans et des hommes de pouvoir qui y ont accès,
leurs fantasmes sont très naturellement portés sur les femmes mais ce sont des
images de femmes modernes qu’ils ont en tête… N’oublions pas qu’en dehors du Palais,
ils fréquentent les bars de la ville et les filles de joie.
Enfin, j’ai axé ma mise en scène sur la dimension féminine, d’abord parce que la Périchole
est une femme libre, sensuelle, généreuse et parce que ce personnage domine
toute la situation. J’ai voulu les cousines aguicheuses mais séduisantes sans
jamais aucune touche de vulgarité.
J’ai attribué à Pedro la fonction de Maire de la ville et à Panatellas celle du Directeur
de cabinet du Vice-roi et je les ai souhaités assez mafiosi et corrompus en référence
à certains états d’Amérique ou d’ailleurs dans le monde.
Dans l’acte 3, les scènes de la prison sont très émouvantes. Aussi bien Piquillo qui
est enfermé injustement (je l’ai imaginé sur un perchoir dans une cage), Périchole,
bouleversante dans la séduction et la conviction et surtout Don Andres en proie à la
souffrance de ne pas être aimé en retour alors qu’il a la fortune et le pouvoir.
Le dernier tableau très parodique nous offre un numéro de patrouilles à la façon
Frères Jacques. L’opéra se termine très furtivement avec une complainte sublime
arabo-hispanique où la musique suffit à elle-même.
En résumé, j’ai opté pour une adaptation empreinte de modernité, de féminité et
d’humour au service d’une musique aussi pétillante et vivante que sensuelle, celle
d’Offenbach dont on ne se lasse jamais.
Nelly Heuzé - Novembre 2008