Requiem de Mozart
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La Ferté-Bernard |
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1ère Partie :
Sérénade "Une petite musique de nuit"
Solistes :
Cécile Besnard (soprano)
Marie-Paule Bonnemason (alto)
Mihajlo Arsenski (ténor)
Patrick Alliote-Roux (basse)
Le choix de l'oeuvre
Le Requiem de Mozart fut le premier grand projet du Chœur d’Orphée (juin 1994)
qui venait d’être créé par Nelly Heuzé. Le présenter à nouveau aujourd’hui
est une façon de commencer une deuxième décennie en interprétant une œuvre
sublime tant à chanter qu’à écouter.
« En dix ans, le chœur a
acquis une maturité vocale, une expérience, qui nous permet de le monter
différemment aujourd’hui : peut-être en utilisant une coloration vocale plus
riche, plus expressive et en valorisant l’accentuation… » explique la
chef de chœur et directrice artistique du Chœur d’Orphée.
« Fidèles au souci d’interpréter Mozart avec
instruments d’époque avec par exemple l’utilisation des cors de basset
au lieu de clarinettes comme la partition le requiert, nous avons à
nouveau confié l’exécution à un orchestre baroque : il s’agit cette fois
de l’Ensemble Baroque de Toulouse composé
pour la circonstance de 24 musiciens ».
« Les quatuors de solistes de l’œuvre sont écrits avec une grande maturité, tels des
quatuors d’opéras, aussi faut-il confier l’exécution des soli à des
artistes avec des voix lyriques , ce qui a été notre choix pour cette
nouvelle production ».
Comment fût composé le Requiem
En juillet 1791, alors que MOZART s'occupait des répétitions de "La flûte enchantée", un
certain Comte Walsegg lui commanda un Requiem, cette oeuvre aurait été
destinée à célébrer l'anniversaire de la mort de son épouse.
MOZART commence aussitôt à travailler sur l'œuvre et il s'y consacre avec excès jusqu'à
l'épuisement. C'est aussi à cette même époque qu'il reçoit la commande
de l'opéra "La Clémence de Titus", pour les fêtes du couronnement de
l'empereur Léopold II à Prague.
MOZART meurt en décembre 1791 sans avoir achevé la composition du Requiem.
Et pourtant, il fallait que la commande soit terminée d'autant plus que la veuve du
compositeur se trouvait dans une situation financière difficile et
escomptait le solde de la somme promise.
Constance qui avait reçu une éducation musicale put étudier la partition et put constater
que son défunt époux avait laissé l'œuvre dans l'état suivant:
INTROITUS ET KYRIE
- Requiem aeternam, entièrement orchestré
- Kyrie, parties chantées et basse continue écrites
SEQUENZ
- Dies Irae jusqu'au Confutatis parties chantées et basse continue écrites, le reste occasionnellement noté
- Lacrymosa : ne sont notées que les huit premières mesures des parties vocales et de la basse
continue ainsi que les 2 premières mesures des violons I et II et des alti
OFFERTIORIUM
-
Domine, Hostias, les parties chantées et la basse continue sont
entièrement écrites, le reste occasionnellement noté
SANCTUS, BENEDICTUS, AGNUS DEI, COMMUNIO
-
Il n'en existe que des ébauches, probablement pour les parties chantées et la basse continue
Le premier travail musical fut d'orchestrer la fugue vocale du Kyrie, il fallait trouver un
élève pour les parties servant à doubler les voix; cette tâche fut
confiée à 2 élèves de MOZART: "Freystädtler" (qui fit des erreurs pour
la transposition des cors de basset) et à "Süssmayer" pour les parties
trompettes et timbales.
Ainsi les deux premiers passages du Requiem auraient été exécutés lors d'une cérémonie
commémorative à MOZART, le 10 décembre 1791, quatre jours après sa mort.
Constance MOZART raconte elle-même qu'après ce travail partiel, elle confia le Requiem à
un autre élève "Joseph Eybler". Celui-ci commença son travail par le
Dies Irae jusqu'au Confutatis puis il rapporta la partition avec "de
bonnes excuses" de ne pas poursuivre. Constance la confia à nouveau à
Süssmayer qui acheva le Lacrymosa jusqu'à la fin de l'Offertorium puis
le Sanctus, le Benedictus, l'Agnus Dei et le Communio en complétant
aussi les parties manquantes du travail de Eybler. De sorte que la
commande fut prête pour le Comte Walsegg et l'Oeuvre jouée le 14
décembre 1793 dans sa chapelle privée.
Le Requiem de MOZART est donc un travail d'équipe, chef-d'oeuvre qui présente davantage un
caractère ténébreux et terrifiant que paradisiaque. MOZART a d'ailleurs
choisi la tonalité de ré mineur pour accentuer son inquiétude
métaphysique et son désespoir à la veille de son trépas. En témoignent
l'introduction de l'œuvre ainsi que les Chœurs du Dies Irae ou du
Confutatis par exemple. En revanche MOZART assigne au quatuor de
solistes une fonction proprement spirituelle, et l'écriture musicale est
la réplique des quatuors d'opéras comme s'il en éprouvait une certaine
nostalgie.
L'instrumentation de l'œuvre abonde dans un sens analogue à cette inquiétude avec, entre
autres, les nuances crépusculaires des cors de basset et des trombones.
Le Requiem a été qualifié de quatuor des adieux, n'est-il pas le quatuor que MOZART a
écrit pour la fin des temps?
Une petite musique de nuit
Composée en Aout 1787, cette
sérénade en sol majeur offre une indéniable parenté avec le début des
Sérénades Salzbourgeoises. Il est possible que Mozart, alors endeuillé par
la mort de son père, se soit remémoré ses heureuses heures d'adolescence, ce
qui expliquerait cet écho attendri de l'oeuvre.
De cette composition, subsistent actuellement quatre mouvements : allegro,
romance (andante), menuetto (allegro) et rondo (allegro). Un mouvement
supplémentaire inscrit au catalogue de Mozart est perdu aujourd'hui.
Cette sérénade est par ailleurs composée pour l'orchestre de chambre le plus
intime qui soit : un quatuor à cordes renforcé d'une contrebasse qui demeure
toujours à l'unisson du violoncelle.
L'oeuvre respire la joie par la spontaneité deson chant allègre autant que
par la perfection dense et délicate de ses formes. N'est-elle pas une réponse
allusive et discrète à la grande angoisse des quatuors à cordes du printemps
composés la même année ?
D'après Brigitte Massin