Requiem de Mozart


La Ferté-Bernard
Le Mans
La Flèche

Septembre et Octobre 2005

Ensemble Baroque de Toulouse

Direction musicale :
Michel Brun

Direction des choeurs :
Nelly Heuzé

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1ère Partie :
Sérénade "Une petite musique de nuit"

Solistes :
Cécile Besnard (soprano)
Marie-Paule Bonnemason (alto)
Mihajlo Arsenski (ténor)
Patrick Alliote-Roux (basse)

Le choix de l'oeuvre

Le Requiem de Mozart fut le premier grand projet du Chœur d’Orphée (juin 1994) qui venait d’être créé par Nelly Heuzé. Le présenter à nouveau aujourd’hui est une façon de commencer une deuxième décennie en interprétant une œuvre sublime tant à chanter qu’à écouter.
« En dix ans, le chœur a acquis une maturité vocale, une expérience, qui nous permet de le monter différemment aujourd’hui : peut-être en utilisant une coloration vocale plus riche, plus expressive et en valorisant l’accentuation… » explique la chef de chœur et directrice artistique du Chœur d’Orphée.
« Fidèles au souci d’interpréter Mozart avec instruments d’époque avec par exemple l’utilisation des cors de basset au lieu de clarinettes comme la partition le requiert, nous avons à nouveau confié l’exécution à un orchestre baroque : il s’agit cette fois de l’Ensemble Baroque de Toulouse composé pour la circonstance de 24 musiciens ».
« Les quatuors de solistes de l’œuvre sont écrits avec une grande maturité, tels des quatuors d’opéras, aussi faut-il confier l’exécution des soli à des artistes avec des voix lyriques , ce qui a été notre choix pour cette nouvelle production ».

Comment fût composé le Requiem

En juillet 1791, alors que MOZART s'occupait des répétitions de "La flûte enchantée", un certain Comte Walsegg lui commanda un Requiem, cette oeuvre aurait été destinée à célébrer l'anniversaire de la mort de son épouse.
MOZART commence aussitôt à travailler sur l'œuvre et il s'y consacre avec excès jusqu'à l'épuisement. C'est aussi à cette même époque qu'il reçoit la commande de l'opéra "La Clémence de Titus", pour les fêtes du couronnement de l'empereur Léopold II à Prague.
MOZART meurt en décembre 1791 sans avoir achevé la composition du Requiem.
Et pourtant, il fallait que la commande soit terminée d'autant plus que la veuve du compositeur se trouvait dans une situation financière difficile et escomptait le solde de la somme promise.
Constance qui avait reçu une éducation musicale put étudier la partition et put constater que son défunt époux avait laissé l'œuvre dans l'état suivant:

INTROITUS ET KYRIE
- Requiem aeternam, entièrement orchestré
- Kyrie, parties chantées et basse continue écrites

SEQUENZ
- Dies Irae jusqu'au Confutatis parties chantées et basse continue écrites, le reste occasionnellement noté
- Lacrymosa : ne sont notées que les huit premières mesures des parties vocales et de la basse continue ainsi que les 2 premières mesures des violons I et II et des alti

OFFERTIORIUM
- Domine, Hostias, les parties chantées et la basse continue sont entièrement écrites, le reste occasionnellement noté

SANCTUS, BENEDICTUS, AGNUS DEI, COMMUNIO
- Il n'en existe que des ébauches, probablement pour les parties chantées et la basse continue

Le premier travail musical fut d'orchestrer la fugue vocale du Kyrie, il fallait trouver un élève pour les parties servant à doubler les voix; cette tâche fut confiée à 2 élèves de MOZART: "Freystädtler" (qui fit des erreurs pour la transposition des cors de basset) et à "Süssmayer"  pour les parties trompettes et timbales.
Ainsi les deux premiers passages du Requiem auraient été exécutés lors d'une cérémonie commémorative à MOZART, le 10 décembre 1791, quatre jours après sa mort.
Constance MOZART raconte elle-même qu'après ce travail partiel, elle confia le Requiem à un autre élève "Joseph Eybler". Celui-ci commença son travail par le Dies Irae jusqu'au Confutatis puis il rapporta la partition avec "de bonnes excuses" de ne pas poursuivre. Constance la confia à nouveau à Süssmayer qui acheva le Lacrymosa jusqu'à la fin de l'Offertorium puis le Sanctus, le Benedictus, l'Agnus Dei et le Communio en complétant aussi les parties manquantes du travail de Eybler. De sorte que la commande fut prête pour le Comte Walsegg et l'Oeuvre jouée le 14 décembre 1793 dans sa chapelle privée.
Le Requiem de MOZART est donc un travail d'équipe, chef-d'oeuvre qui présente davantage un caractère ténébreux et terrifiant que paradisiaque. MOZART a d'ailleurs choisi la tonalité de ré mineur pour accentuer son inquiétude métaphysique et son désespoir à la veille de son trépas. En témoignent l'introduction de l'œuvre ainsi que les Chœurs du Dies Irae ou du Confutatis par exemple. En revanche MOZART assigne au quatuor de solistes une fonction proprement spirituelle, et l'écriture musicale est la réplique des quatuors d'opéras comme s'il en éprouvait une certaine nostalgie.
L'instrumentation de l'œuvre abonde dans un sens analogue à cette inquiétude avec, entre autres, les nuances crépusculaires des cors de basset et des trombones.
Le Requiem a été qualifié de quatuor des adieux, n'est-il pas le quatuor que MOZART a écrit pour la fin des temps?

Une petite musique de nuit

Composée en Aout 1787, cette sérénade en sol majeur offre une indéniable parenté avec le début des Sérénades Salzbourgeoises. Il est possible que Mozart, alors endeuillé par la mort de son père, se soit remémoré ses heureuses heures d'adolescence, ce qui expliquerait cet écho attendri de l'oeuvre.
De cette composition, subsistent actuellement quatre mouvements : allegro, romance (andante), menuetto (allegro) et rondo (allegro). Un mouvement supplémentaire inscrit au catalogue de Mozart est perdu aujourd'hui.
Cette sérénade est par ailleurs composée pour l'orchestre de chambre le plus intime qui soit : un quatuor à cordes renforcé d'une contrebasse qui demeure toujours à l'unisson du violoncelle.
L'oeuvre respire la joie par la spontaneité deson chant allègre autant que par la perfection dense et délicate de ses formes. N'est-elle pas une réponse allusive et discrète à la grande angoisse des quatuors à cordes du printemps composés la même année ?

D'après Brigitte Massin